Réalisateur : Xavier Dolan
Acteurs : Monia Chokri, Niels Schneider, Xavier Dolan,
Genre : Comédie dramatique
Durée : 01h35min
Date de sortie : 29 septembre 2010
Année de production : 2009
Distributeur : MK2 Diffusion
Critiques spectateurs : (601 notes)(3,6)
Critiques Presse : (3,6)
Bande annonce :
Francis et Marie, deux amis, tombent amoureux de la même personne. Leur trio va rapidement se transformer en relation malsaine où chacun va tenter d'interpréter à sa manière les mots et gestes de celui qu'il aime...
C'est un film sur les gens qui se font des films. Francis (Xavier Dolan) est homo, doux comme un agneau et un rien gommeux. Marie (Monia Chokri) est hétéro, sèche comme un coup de trique et fan de fringues vintage. Différents mais aussi prompts l'un que l'autre à trahir leur amitié pour un regard de l'adoré. Car les deux Québécois Marie et Francis sont obsédés par le même homme : Nicolas. Un Adonis allumeur venu de la campagne, aux faux airs de Louis Garrel, mais en blond. La ressemblance n'a d'ailleurs rien de fortuit : un fantasme en chassant un autre, c'est le ténébreux Français qui, en une apparition de dernière minute, détrônera le solaire Nicolas dans les coeurs d'artichaut de Marie et de Francis...
A 21 ans, Xavier Dolan n'a peur de rien. Après J'ai tué ma mère, chronique enlevée d'un désamour filial, le voilà qui s'attaque à un thème éternel : le caractère illusoire du sentiment amoureux. Que dire de plus, de neuf ? Malin, le jeune cinéaste détourne la question en misant sur la forme. C'est avec un aplomb rafraîchissant qu'il orchestre le ballet chimérique des amoureux de l'amour. Ralentis chics à la Wong Kar-wai, acteurs filmés de dos comme chez Gus Van Sant, couleurs almodovariennes : il réussit l'alchimie de ces emprunts revendiqués en imposant un style bien à lui, désinvolte et sophistiqué. On passe, en toute fluidité, d'une scène d'amour glamour aux confessions intimes de jeunes gens racontant, face caméra, leurs déceptions sentimentales. Même liberté pour la musique, des Suites pour violoncelle de Bach à l'électro new wave de The Knife, sans transition.
Entre la « cristallisation » telle que la décrit Stendhal et la désillusion, il ne se passe rien de tangible, ou presque. Mais dans ce laps de temps, les personnages se sont inventé mille et un scénarios. Endossant leur regard déformant, Xavier Dolan excelle à matérialiser leurs projections mentales : leur façon de suspendre le temps pour revivre à l'infini l'instant de la rencontre, d'idéaliser l'objet de leur fantasme ou de traquer, comme autant de signes, le moindre de ses gestes... Petit précis des manies de l'amoureux transi, le film croque avec causticité les mésaventures de ses héros. Ainsi, la séquence méchamment drôle où Marie voit ses dernières illusions carbonisées par quelques mots indifférents de l'être aimé. C'est encore plus drôle quand les personnages retournent les coups contre eux-mêmes. Après s'être ridiculisée aux yeux du bellâtre, c'est à son propre reflet que Marie lance un impitoyable « Conne ! » Xavier Dolan ne s'épargne pas non plus. Son personnage parfois pusillanime est toujours en retard d'une réplique sur sa brillante rivale, experte en piques assassines.
De l'ironie au désenchantement, on n'est jamais très loin. Sous leur vernis branché et le raffinement de leur discours, Marie et Francis sont, au fond, deux créatures esseulées, que rien, pas même les amants occasionnels, ne saurait détourner de leur obsession. Il se dégage des scènes de lit, baignées d'une lumière monochrome, une vraie mélancolie, un chagrin sans chiqué. Or la tristesse ne sert guère de leçon aux soupirants incorrigibles. Il suffira du premier beau gosse venu pour que Francis et Marie se risquent à nouveau, et comme un seul homme, au jeu pipé mais exquis des amours imaginaires.
Hébergeur :
Qualité : DVDRiP
Format : XviD
Langue : Francais
Sous-titre : Aucun
Découper avec : Aucun
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